mardi 24 juillet 2012

Maudites cigarettes !




L'application parentale
Quel parent ne se ronge pas les sangs à l'idée de voir son adolescent fumer au saut du lit ? Je fais partie de ces mères qui ont sagement renoncé à la cigarette avant de songer à faire un enfant. J'ai composé pendant des années des assiettes colorées de vert, de rouge et de jaune pour que l'équilibre et la santé soient respectés comme une fête. Tout cela pour en arriver là : cigarettes et soda.

Alors je m'interroge ... Mes enfants suivent-ils le modèle de l'adolescente que je fus ou s'applique t-il à faire vaciller celui de la mère que je me suis appliquée à être et ressembler à leurs contemporains les moins sages.

L'adolescence des parents
Adolescente, j'ai rencontré la cigarette un dimanche, le jour où ma mère sortit d'une boîte africaine en bois sculpté un paquet rouge et or. Je ne me souviens pas de l'odeur mais des volutes qui s’échappaient de sa bouche délicatement maquillée, de ses doigts qui tenaient ce corps blanc et léger qui la faisait ressembler à une actrice de cinéma. La cigarette faisait partie de ce tableau que je trouvais sensuel, beau et transgressif pour une mère si délicate. Je n'ai eu de cesse alors de retrouver cette grâce par la magie de la fumée.

Arrêter de fumer
La mesure ne caractérise pas l'adolescent. De la cigarette volée dans un élan cinématographique à la succion frénétique d'un bout de papier, il ne m'a pas fallu longtemps. Je me rappelle avoir fumé par manie jamais par goût. Je fumais car je n'avais pas de raison de ne pas le faire. J'ai arrêté à 20 ans parce que ma gorge m'envoyait des signaux alarmants : la promesse de la grâce s'était consumée. Ce sevrage fut étonnamment sans douleur et sans difficulté grâce à l'acupuncture.

Mon mari lui n'a jamais fumé. Il a trop souffert des longs voyages en voiture pollués par la cigarette sans fin que consommait son père. Des parents non-fumeurs ont donc produit des ados fumeurs. Parents, renonçons à la toute-puissance aussi pour notre bien.

Le choix des adolescents
La cigarette est-il un mal incontournable pour les adolescents en recherche d'identité et de clan ? N'est-ce qu'un passage sur le chemin de la connaissance de soi ? Un mal nécessaire pour éprouver l'importance de la santé ? La dépendance est-elle plus identitaire que physique ? Est-ce un signe d'affirmation quand on se sent si peu sûr de soi au point qu'il faille un écran de fumée pour masquer ses incertitudes ? Le temps de la cigarette semble durer le temps du questionnement.

Parents, sommes-nous encore coupables du choix de nos enfants, ceux qu'ils font sans nous, près de leurs nouveaux modèles histoire de ne pas être les "fils/fille à maman"?