jeudi 27 juin 2013

Comment communiquer avec un adolescent rebelle ?



"L'adolescence ne laisse un bon souvenir qu'aux aldultes ayant mauvaise mémoire."

François Truffaut 


Qu'avons-nous fait pour mériter ça ?
Quel parent n'est pas à un moment recherché au fond de son portefeuille ou de son tiroir la photo du visage poupin de son enfant devenu adolescent pour trouver la réponse aux questions qu'il se pose pour la nième fois : "Que s'est-il passé ?", "Qu'est-il arrivé à cet enfant si adorable ?", "Quelle erreur avons-nous faite ?". Tout avait bien commencé et l'adolescence est passée par là ...

Des parents inadaptés ?
Certains sociologues (Cf : L'antimanuel de l'adolescence de Michel Fize) suggèrent que c'est la difficulté des parents à appréhender le nouveau monde dans lequel baignent les adolescents qui pose problème. Accrochés à leurs a priori, leurs croyances et fonctionnements désormais inadaptés, les parents ne peuvent plus communiquer harmonieusement avec leurs adolescents.

Le besoin de se différencier de l'adolescent
Il est acquis que pour grandir l'adolescent doit trouver ses propres repères. Il doit donc interroger ceux qu'il partageait jusqu'alors avec ses parents : croyances à propos de la vie en général, relations avec autrui, valeurs ... Cela ne va pas se passer sans conflits plus ou moins violents en fonction d'une part de la rigidité des parents et d'autre part de la personnalité de l'adolescent. 

Faire un maximum d'expériences
Les adolescents, en fonction de leur histoire familiale, de leurs expériences de vie à la maison et en dehors et de leur personnalité, interrogent le monde avec plus ou moins de transgression : de la chambre en désordre, la porte claquée, le mot malheureux, la sortie nocturne  au tatouage, piercing, prise de drogue, mensonge, vol et autres... Leurs transgressions sont aussi un moyen d'exprimer un besoin qu'il n'est pas facile d'identifier.


Préserver la communication
Quelque soit la dureté des comportements qui l'opposent à ses parents, l'adolescent a besoin de trouver quelqu'un en face de lui. Cela le conforte dans l'idée qu'il est aimé. Mieux vaut être "aimé mal" que de ressentir l'indifférence. Pas facile pour les parents de trouver le bon dosage entre fermeté (les règles incontournables à respecter) et souplesse (ce qui peut être négocié).

Les 7 besoins des adolescents
Les adolescents ont 7 besoins capitaux. Quand ces besoins ne sont pas comblés, ils s'expriment sous forme de symptômes (comportements inadéquats) :

- La confiance inconditionnelle dans leurs parents
- Le dialogue 
- La sécurité
- L'autonomie
- La responsabilité
- L'affection
- L'espoir

Il s'agit de comprendre ce que l'adolescent exprime de son manque par son comportement.

Les besoins des parents
De leurs côtés, les parents ont également des besoins qu'ils expriment au travers de leur reproches et de leurs inquiétudes. Il est important que l'adolescent le sache encore faut-il que le parent en soit conscient et qu'il soit honnête envers lui-même et envers l'adolescent. Par exemple quand un parent dit à son adolescent "Je veux que tu rentres à 23h parce que 23h est l'heure maximum que je t'autorise." il ne dit rien de son besoin de parent. Il est mieux d'expliquer à l'adolescent ses vraies motivations : "parce qu'après 23h je n'arrive pas à dormir si je ne sais pas où tu es" par exemple. Cela ne garantit pas que l'adolescent va rentrer à l'heure mais c'est l'amorce d'une communication plus authentique qui fera que l'adolescent à son tour pourra dire ce qu'il ressent.

Le métier de parents est un métier difficile qui questionne la supposée toute-puissance du parent. C'est un chemin de deuils successifs, de petits et grands conflits, de remises en question des parents, du couple et de l'histoire familiale. Pour certains c'est un chemin sans trop grandes secousses et pour d'autres un véritable défi. 



mercredi 21 novembre 2012

Salon européen de l'éducation à Paris





Le Salon européen de l’éducation se déroule du 25 au 28 novembre 2010 (de 9h30 à 18h) à Paris Expo, Porte de Versailles, pavillon 7, niveau 2.

Invitation gratuite à imprimer depuis le site de www.letudiant.fr

Paris Expo Porte de Versailles
1 place de la Porte de Versailles
75015 Paris
France

Tél :33 (0)1 40 68 22 22

Site officiel : http://www.salon-education.org

Ici la liste des exposants  




mardi 24 juillet 2012

Maudites cigarettes !




L'application parentale
Quel parent ne se ronge pas les sangs à l'idée de voir son adolescent fumer au saut du lit ? Je fais partie de ces mères qui ont sagement renoncé à la cigarette avant de songer à faire un enfant. J'ai composé pendant des années des assiettes colorées de vert, de rouge et de jaune pour que l'équilibre et la santé soient respectés comme une fête. Tout cela pour en arriver là : cigarettes et soda.

Alors je m'interroge ... Mes enfants suivent-ils le modèle de l'adolescente que je fus ou s'applique t-il à faire vaciller celui de la mère que je me suis appliquée à être et ressembler à leurs contemporains les moins sages.

L'adolescence des parents
Adolescente, j'ai rencontré la cigarette un dimanche, le jour où ma mère sortit d'une boîte africaine en bois sculpté un paquet rouge et or. Je ne me souviens pas de l'odeur mais des volutes qui s’échappaient de sa bouche délicatement maquillée, de ses doigts qui tenaient ce corps blanc et léger qui la faisait ressembler à une actrice de cinéma. La cigarette faisait partie de ce tableau que je trouvais sensuel, beau et transgressif pour une mère si délicate. Je n'ai eu de cesse alors de retrouver cette grâce par la magie de la fumée.

Arrêter de fumer
La mesure ne caractérise pas l'adolescent. De la cigarette volée dans un élan cinématographique à la succion frénétique d'un bout de papier, il ne m'a pas fallu longtemps. Je me rappelle avoir fumé par manie jamais par goût. Je fumais car je n'avais pas de raison de ne pas le faire. J'ai arrêté à 20 ans parce que ma gorge m'envoyait des signaux alarmants : la promesse de la grâce s'était consumée. Ce sevrage fut étonnamment sans douleur et sans difficulté grâce à l'acupuncture.

Mon mari lui n'a jamais fumé. Il a trop souffert des longs voyages en voiture pollués par la cigarette sans fin que consommait son père. Des parents non-fumeurs ont donc produit des ados fumeurs. Parents, renonçons à la toute-puissance aussi pour notre bien.

Le choix des adolescents
La cigarette est-il un mal incontournable pour les adolescents en recherche d'identité et de clan ? N'est-ce qu'un passage sur le chemin de la connaissance de soi ? Un mal nécessaire pour éprouver l'importance de la santé ? La dépendance est-elle plus identitaire que physique ? Est-ce un signe d'affirmation quand on se sent si peu sûr de soi au point qu'il faille un écran de fumée pour masquer ses incertitudes ? Le temps de la cigarette semble durer le temps du questionnement.

Parents, sommes-nous encore coupables du choix de nos enfants, ceux qu'ils font sans nous, près de leurs nouveaux modèles histoire de ne pas être les "fils/fille à maman"?








jeudi 10 mai 2012

Agir et réagir

 


Valérie Lecler est auxiliaire de puériculture, elle est également la maman de deux jeunes majeurs et l'auteur d'un livre à paraître "Les portes de la vie". Elle livre ici son témoignage de professionnelle sur l'adolescence.

Texte de Valérie Lecler : valerielecler.myspace.com

De nos jours, à quel âge peut-on parler d'adolescence et de tout ce qu'elle englobe ? Depuis 25 ans, l’Éducation Nationale ainsi que l'éducation parentale ont bien changé. Les mœurs et les valeurs ne sont plus les mêmes. Cette évolution a engendré des changements fondamentaux à plusieurs niveaux.

Au niveau de l’Éducation Nationale, de nouveaux projets ont été élaborés et mis en place. De ce fait, par exemple, le "Bac Pro" permet aux jeunes de choisir une spécialisation. Encore faut-il que leur choix soit bien adapté. Les interrogations au sujet de leur orientation professionnelle, de leur vie future, leur sont adressées vers l'âge de treize ans. Je trouve cela un peu précoce pour décider de son avenir. L'adolescent a souvent peur (beaucoup d'oraux a passer notamment). Comment est-il guidé, aidé pour acquérir la confiance dont il a tant besoin ?

Dans les foyers, les Maisons d’accueils, les éducateurs spécialisés obtiennent des jeunes la volonté d'avancer mais les débouchés restent restreintes. Ceci étant, la plupart du temps, ce sont des "enfants-ados" qui ne se sont pas forcément construits dans de bonnes conditions et la dyade mère-enfant ou la triade père-mère-enfant sont souvent inexistantes.

Vers l'âge de trois ans, l'enfant détient son propre ORDRE (ses jouets par exemple) alors que les parents leur demande de ne rien laisser traîner. Vers l'âge de treize ans, le pré-ado se rebelle et refuse que lui soit proposé ou imposé un rangement. Il reste impassible devant les remontrances, les "ordres de".

Je pense qu'il faut être à l'écoute, rester des parents responsables sans être intrusifs mais en surveillant les fréquentations car ils restent influençables. Cette vigilance n'est toutefois par toujours suffisante. Ouvrir la porte de la maison familiale aux amis est une possibilité. En tant que professionnelle, j'ai constaté que des effort ont été faits par des équipes spécialisées et pluridisciplinaires pour accompagner ce moment délicat. Malheureusement, la demande dépasse l'offre et tous ne peuvent en bénéficier.

En tant qu' éducatrice de jeunes enfants, je suis spécialisée dans la petite enfance, de la naissance à sept ans. Avec l'expérience, mes diverses rencontres, mon rôle en tant que parent d'élève du primaire au secondaire, maman de deux jeunes majeurs, je reste perplexe face à ce qu'on demande aux adolescents. Les réponses ne se trouvent pas dans les livres, juste un peu de théorie mais chaque "cas" est particulier. On demande à l'ado, pas toujours à l'aise ni dans son corps, ni en groupe beaucoup d'affirmation. La plupart sont pourtant très réservés.


Dans cette recherche d'affirmation, l'adolescent se rebelle et c'est souvent la mère qui tient le rôle du souffre-douleur. Il faut alors essayer d'établir une discussion, un échange même furtif. Il s'agit de trouver le BON MOMENT mais c'est l'ado qui en décidera. A nous parents de saisir malgré les contraintes professionnelles et ménagères ce moment précieux.

Chaque être est différent, un individu à part entière, de la naissance à la mort. L'enfant qu'on met au monde n'est pas un objet stéréotypé, c'est un être qui pense, agit, réagit, répond en fonction de la façon dont il se construit. La première séparation d'avec la mère est très importante et marque l'histoire de l'enfant.

Face aux mutations des adolescents, l'approche du ou des parents doit être adaptée. Rôle difficile, rude tâche pour la plupart car il n'existe pas de solutions magiques et il faut rester patients. L'observation est primordiale, il s'agit à la fois de savoir "laisser-aller" tout en imposant des limites car l'adolescent en a besoin pour grandir.

Restons confiants car nos "enfants-ados" ont, à cette période, autant besoin de nous que lorsqu'ils étaient nourrissons. Ils ont besoin d'être rassurés, aimés, nourris... Ils nous le disent avec leur langage. Il revient aux parents de savoir AGIR et RÉAGIR.

Ne camouflons pas non plus les situations de parents maltraités verbalement et physiquement car cela existe. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à appeler SOS parents maltraités.


A lire :
La vie en désordre, M.Rufo
Une éducation qui commence avant la naissance, O.M.Aïnahov
Votre enfant a confiance en lui, A. Bacus
Tout se joue avant 6 ans, Dodson


vendredi 23 mars 2012

Quand le langage dérape


Texte de Nathalie Martinez

Le berceau devient prison
Et soudain les mots jaillirent. L'adolescent parle comme la musique qu'il écoute : le plus souvent fort, avec agressivité et un certain talent à utiliser le mot qui blesse et qui produit du désordre. Il y a comme un désir de détruire sa cage dorée d'amour et de bienveillance. Il ne veut plus que sa mère/son père en soit le gardien. Il veut s'envoler même si pour cela il doit attaquer à coups de dents les murs de ce qui est devenu sa prison.

La seule certitude : ne pas ressembler aux parents
L'adolescent en crise se réclame d'un autre langage : celui qu'il partage avec ses amis, ceux avec lesquels il veut passer toutes ses journées voire ses nuits. Il ne veut plus parler celui de ses parents qui transpire de raison, d'obéissance et de bienséance. Un langage de vieux. Il veut montrer combien désormais il est autre, différent, combien il appartient au nouveau monde, celui de la jeunesse qui s'ouvre devant lui. Son langage c'est aussi ses gestes, ceux qu'ils empruntent à ceux de son clan, son habillement, ses tatouages et/ou piercings, sa façon de boire et de manger. Plus il se sent menacé (à chacun sa peur), plus il semble multiplier les accessoires comme si à lui seul il ne pouvait exister. On dirait qu'il ne sait pas qui il est ni qui il veut devenir. Sa seule "certitude" : être différent de ses parents.

Quand la maison devient un champ de bataille
Les grossièretés au téléphone avec ses copains, devant l'ordinateur quand il joue ou avec sa sœur/frère quand il se dispute ou bien encore celles qu'il étouffe à moitié quand il claque la porte transforment la maison en un champ de bataille : les mots ne sont plus à leur place, l'harmonie s'est enfuie et le chaos est entré dans la maison. Un mot amène avec lui tout son univers quand il est habité. Les parents regardent avec désolation leur œuvre s'autodétruire : plus rien n'est à sa place.

Renoncer à tout contrôler
Même s'il existe des tonnes de livres sur les adolescents, des analyses brillantes, finalement il n'y a aucune "recette". Chaque parent est (seul) face à son ado et il lui revient de trouver à tâtons ce qui permettra de minimiser la casse :

- dans la vie de l'adolescent (limiter les expériences dangereuses)
- dans la vie de la famille (les frères et soeurs trinquent aussi)
- dans le couple (éviter l'explosion)

Une chose est sure : si les parents craquent c'est tout l'édifice qui risque de s'écrouler. Donc priorité au moral des parents (se faire du bien, ne pas trop culpabiliser, garder un espace pour soi et pour son couple...). Pas facile mais pourtant très stratégique.


lundi 19 mars 2012

La chambre d'ado cet enfer



Texte de Nathalie Martinez

S'il existe une phrase qui me semble juste c'est celle qui affirme que les adolescents cherchent à tester les limites de leurs parents. La chambre à coucher en est une superbe illustration. 

Transgresser pour s'affirmer
Il est vrai qu'il existe des adolescents soigneux, ordonnés, rangés ou soucieux de faire plaisir à leurs parents. Ils ne sont pas pour autant dépressifs, mals dans leur peau ou autre. Ils font partie des adolescents qui traversent la vie sans trop de difficultés (et il y en a beaucoup). D'autres sont peut-être de ceux qui savent que le risque encouru pour la transgression (la famille éclatée, coups reçus, perte de l'amour, du soutien...) est bien plus grave que celui de ne pas s'affirmer.

Dresser des barricades
La chambre d'un ado est une sorte de camp retranché.  On n'y rentre pas avec facilité. Le nombre d'obstacles à traverser est à la hauteur de la menace d'ingérence ressentie par l'ado. Plus la chambre est chaotique, plus l'enfant dit : "foutez-moi la paix". Moins vous comprendrez et plus il entassera ce qui est sûr de vous repousser. Il étalera son intimité (la culotte chez la fille, le gel intime pour le garçon...) pour bien vous faire comprendre que c'est à vos risques et périls que vous entrez dans cette zone. Il est fort probable que vous y perdiez vos illusions : il vous aura prévenu.

Ne livrer aucune info
La deuxième stratégie de l'ado pour vous éloigner est tout le contraire : une chambre sans rien à l'intérieur. Il détruira systématiquement toutes les traces de ses activités pour que vous n’ayez aucune informations à son sujet. Il veut devenir un autre, couper le lien, ne vous laisser aucune prise. En vous ôtant même la possibilité de critiquer son rangement, il gagne en liberté.

Héberger un inconnu
Il faut vraiment une période d'adaptation au parent pour accepter qu'il n'est plus maître chez lui. Désormais il abrite au mieux un étranger bien élevé, au pire un inconnu sans gêne. Rien ne sert de répéter les règles, elles ne seront que très peu suivies puisqu'elles n'ont aucun sens pour l'adolescent qui ne rêve la plupart du temps que d'être libre. Plus on menace, plus on nourrit le discours de l'ado qui nous trouvent insupportable. L'évidence s'impose : on ne peut pas le mettre dehors. Il faudra donc apprendre à composer et peut-être devenir celui qui composera le plus.


Accepter de lui céder sa chambre
Rapidement l'ambiance est de plus en plus tendue car l'ado est un adulte en puissance, avec ses exigences (fumer dans sa chambre, ne pas ouvrir la fenêtre, faire un élevage de rats, uriner dans une bouteille...), ses points de vue (rien n'est logique, ça ne sert à rien...), ses besoins (ciné, resto, baskets dernier cri...) mais aucun moyens de les combler dans une société où sans argent il est difficile de suivre. La seule solution est de lui permettre d'avoir un espace à lui loin de nous (internat exclusivement s'il est d'accord) ou de renoncer à entrer dans sa chambre (accepter qu'il ferme à clef). Il fera donc nuit toute la journée au bout du couloir, vous ne pourrez plus aérer mais chacun aura gagner un peu de paix et de liberté.

samedi 17 mars 2012

Difficile de vivre avec un ado en crise


Texte de Nathalie Martinez

On a beau savoir que la crise d'adolescence fait partie de la croissance normale de l'enfant, cela ne change rien aux sentiments que ressent la plupart des parents face à un adolescent qui n'en fait qu'à sa tête.

Le sentiment de solitude
Autant il est facile d'aider les autres, autant il est difficile de demander de l'aide. La politesse veut qu'on dise "Comment ça va ?", elle impose qu'on réponde "Très bien, merci !". Pas vraiment de place pour s'épancher sur tout ce qui n'est pas dit et qui ne fonctionne pas. Sujet tabou.

Ce qu'on vit avec nos adolescents est tellement inattendu (des aboiements, des revendications qui semblent sorties de la bouche de quelqu'un d'autre, des comportements d'isolement, de rejet...) que dans un premier temps c'est un peu comme si on était anesthésié. On ne comprend rien. On ne sait pas quoi faire. C'est un peu comme être dans une machine à laver et attendre que cela s'arrête. On perd pied. On se sent seul face à une situation qui nous échappe.

Le sentiment d'injustice
La plupart des parents font vraiment de leur mieux pour que leurs enfants trouvent leur place sans trop de souffrance. Ils donnent de leur temps (celui qui est disponible), de l'affection (au mieux de ce qu'ils ont reçu eux-mêmes), les moyens d'évoluer dans une société de consommation qui a accaparé le pouvoir (argent, vacances, loisirs...)... Ils font avec leurs croyances même si parfois ils se trompent (autoritaire, permissif, ouvert sur le monde, fermé sur la communauté...). Il n 'y a pas de recettes. Les parents avancent à tâtons selon un processus d'essais/erreurs. Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je tant de difficulté avec cet adolescent moi qui ai tout fait pour lui faciliter l'existence ? La réponse est peut-être dans la question. Il veut montrer ce dont il est capable...

Le sentiment de culpabilité
Combien de fois l'avez-vous vu ce regard de la voisine, de l'enseignant, du CPE, du délégué du procureur ou je ne sais qui encore qui vous fait  comprendre que vous avez raté votre éducation, que vous êtes une mauvaise élève, que vous n'avez pas su. Soudainement vous devenez la "mauvaise élève" qu'on montre du doigt et vous finissez par vous aussi douter de la valeur de ce que vous avez fait : c'est ma faute si mon fils fume, si ma fille ne fait plus rien à l'école, si il ou elle n'est pas cet enfant dans les normes qu'appellent de tous ses vœux la société. C'est ma très grande faute. Non !


Le sentiment d'impuissance
Quand la pression est suffisamment montée, qu'on vous a culpabilisé et que vous avez perdu confiance, il vous reste encore le psy pour le meilleur ou pour le pire. Au moins on ne pourra pas dire que vous n'avez rien fait. Vous viendrez sagement raconter votre vie à quelqu'un qui n'a pas d'enfants. Il bâtira des hypothèses qu'il/elle n'aura pas forcément l'honnêteté de considérer comme telles. Cela deviendra LA vérité. On vous dira successivement que vous avez trop fait ou pas assez, que votre arrière grand-père était ceci ce qui explique que votre fils n'aime pas les épinards. Vous aurez peut-être la chance de tomber sur quelqu'un d'exceptionnel et alors ce sera merveilleux.



La peur
En attendant le temps passe, l'enfer s'installe à la maison entre claquage de portes, piercing, tatouage, yeux brumeux, chambre façon champ de bataille pour que vous compreniez bien que vous entrez dans une zone dont vous êtes désormais exclus. Oui, vous n'êtes plus chez vous, on vous tolère. Parents, vous êtes les seuls à voir des problèmes là où l'adolescent n'en voit aucun. Vous avez peur qu'il fasse des bêtises, qu'il compromette sa scolarité, qu'il fréquente les mauvaises personnes, qu'elle tombe enceinte, qu'il se drogue... Il/elle ne veut pas de votre aide puisque qu'il/elle fait tout ça précisément pour prendre de la distance avec vous, s'émanciper. Alors, pourquoi fait-il/elle tout pour qu'on vienne vous demander des comptes ?



La confiance
Si la tentation de sombrer dans la déprime voire la dépression apparaît comme une solution, elle n'en est absolument pas une. Face à un adolescent, il ne reste que la confiance, celle qu'on met en ce que nous avons semé en tant que parents, celle qu'on garde envers et contre tout en cet adolescent qui se débat avec sa vie et auquel nous souhaitons un avenir radieux. 


Le recul
Et puis, il y a nous, les parents. Nous devons continuer notre vie d'homme, de femme, de parents, de couple, de famille (les autres enfants ont droit aussi à notre attention). Nous devons préserver notre énergie pour travailler et faire face à tous nos combats. Alors, il faut accepter de prendre du recul, de se dire que chacun construit sa vie avec ce qu'il a, comme il peut. Nous n'avons pas le pouvoir de faire le bonheur des autres quand bien même il s'agit de nos enfants. Nous ne pouvons rien empêcher, au mieux nous pouvons être là, disponibles et continuer à les aimer.